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Yoga La Saulce Alpes du sud

Yoga La Saulce Alpes du sud

École de yoga Nâtha agréée FFEY. Bols chantants. Méditation. Tantra. Partenariat Népal Contact: jean-pierre.niaulon@wanadoo.fr

Le Hara, centre de gravité.

jp —


  Namaste!


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dans nos pratiques de Prânâyâma, nous encourageons systématiquement à faire débuter l'inspiration , au-moins par la visualisation, dans le pubis.

Assis en Padmasana, notre corps dessine des genoux au coeur un triangle équilatéral parfait, dont le centre de gravité se situe exactement 3 cm en-dessous du nombril, comme dans le schéma ci-dessous.

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Cette zone, ou plus exactement ce point, véritable Centre de notre humanité, se nomme Hara, TanDen, selon les traditions.
Lorsqu'un japonais désire mettre fin à ses jours, il ne détruit pas son coeur, ni son cerveau, il se fait "Hara Kiri", il dissout son Hara.

Se Centrer, se Concentrer, signifie trouver un centre et y rester.

Le Hara, océan de vie, quelque part entre Samana et Svadhistana, est-il le point de résolution de tout antagonisme, la zone de dissolution de toute souffrance née de la dualité?

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Oui si l'on en croit le sage Arnaud Desjardins, dont je livre ici l'extrait d'un de ses plus fameux ouvrages.
Bonne lecture, bercée par le son des vagues!

Jp
06 74 00 92 97




                      Le hara et le coeur, "Approches de la méditation" , A. Desjardins

 

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  (...) Ce hara ou kikai tanden est une part de nous essentielle, gravement méconnue des Occidentaux modernes. Il semble aujourd’hui que ce qui a de l’importance, c’est le cerveau nous permettant de passer ces examens qu’on demande maintenant pour un oui ou pour un non, même pour être purement un « manuel », quitte à savoir toutes sortes de choses bien inutiles. Ce cerveau que vous n’exercez que trop en lisant les journaux, les revues, les magazines, en participant à des conversations, à des discussions, laissez-le un peu de côté. Même ce coeur sur lequel vous pouvez si peu compter, pour l’instant laissez-le un moment de côté. Et acceptez de donner une grande valeur à ce hara. C’est certainement un choc culturel d’accepter que les entrailles et tout ce qui est « au-dessous de la ceinture » acquièrent pour nous une grande noblesse. Il faut bien dire que, dans une population suralimentée, le ventre prend des proportions volumineuses qui n’ont rien à voir avec le hara! Dépassez ces réticences culturelles et ouvrez-vous à une idée qui a été la nôtre aussi en Occident : « Avoir du coeur au ventre ».


Dans les dernières éditions du livre « Hara » se trouve un certain nombre de photographies de sculptures et de peintures, y compris occidentales, qui donnent manifestement la prééminence au ventre. Certaines sculptures romanes et gothiques, y compris des représentations du Christ lui-même, paraissent centrées sur l’abdomen. En histoire de l’art on utilise même couramment l’expression « ventre gothique ».

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Cette proéminence et prééminence du hara n’a rien à voir avec l’obésité du gagnant des concours consistant à boire le plus de demis de bière ou à avaler le maximum de saucisses en un quart d’heure! Ne confondons pas la lourdeur d’un ventre, foyer de passivité « tamasique », avec la vie intense du ventre de celui qui s’est exercé à la pratique du hara.


Même sans avoir médité pendant des années dans un monastère zen, mais avec un peu d’exercice, vous pouvez, vous aussi, développer cette force. Il est seulement nécessaire de pratiquer ces exercices avec prudence, justement parce qu’ils sont efficaces. Si notre dernière lubie c’est le hara et si, dès que nous avons un instant, nous nous concentrons dans le ventre, nous risquons, comme chaque fois qu’on fait quelque chose avec excès, de créer certaines perturbations. Cela m’est d’ailleurs arrivé au Japon, où je mettais les bouchées doubles et où j’ai dû tempérer mon enthousiasme pour revenir à une pratique plus sobre.

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Ce qui s’accomplit dans ce centre de gravité du ventre, que nous connaissons si peu en Europe, est tout à fait curieux et inattendu. Par exemple on peut acquérir une tonicité de la paroi abdominale sans avoir pratiqué beaucoup la musculation des « abdos ». Certes, celui qui, couché sur le dos, lève les deux jambes tendues avec des semelles de plomb aux pieds, arrivera à développer la musculature du ventre. Mais sans faire ce genre d’exercices de pure musculation, nous pouvons, par cette concentration de l’énergie dans le hara, acquérir une grande fermeté de l’abdomen. Je pourrais, bien que je ne sois en rien un spécialiste des arts martiaux, apporter mon propre témoignage sur cette possibilité.


D’autre part, il y a moyen, même pour un débutant, de ressentir une accumulation d’énergie. Or, ce qui est souvent douloureux pour tel ou telle d’entre vous, c’est de vous sentir si faible et démuni que vous n’existez plus, comme une plume sur laquelle la vie n’a qu’à souffler pour la balayer. Vous pouvez assez vite sentir cette force en vous. Il suffit de respirer normalement et, à l’expiration, de tourner toute l’attention vers le bas-ventre en vous représentant qu’une énergie qui a pénétré en vous à l’inspiration, se répand maintenant dans l’organisme et se concentre dans le ventre. Ce n’est pas l’énergie la plus raffinée avec laquelle nous puissions fonctionner et il y a des énergies plus subtiles, mais cette pratique est quand même la base de l’édifice.

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Je possède une photo de Swâmi Prajnanpad où l’on ne voit, si j’ose dire, que son ventre. On dirait une sculpture gothique. Il est droit, debout, toute l’attention de celui qui regarde la photo est captée par son ventre. Même pour ceux qui n’insistent pas sur le hara comme le font les Japonais et les yogis tibétains, l’ascèse développe celui-ci.

Si vous vous exercez plus avant, vous pouvez quelque peu pousser sur la paroi abdominale basse, comme lorsqu’on s’est accroupi dans les champs pour se soulager surtout si l’on est constipé. Per-sonne n’a jamais « poussé » à l’inspiration. Essayez de pousser pour éliminer les excréments en inspirant, c’est impossible. Vous ne pouvez pousser qu’en expirant. Vous poussez donc, mais plutôt vers l’avant, ce qui amène une légère proéminence du bas-ventre et un durcissement de la paroi abdominale.


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Il existe donc un point à trouver en vous, qui se situe à peu près à mi-chemin entre le haut du pubis et le nombril. Si vous trouvez ce centre (c’est assez aisé, il n’y a pas à tâtonner pendant des jours et des jours), en expirant vous concentrez l’énergie dans le ventre, c’est la première étape; au bout de quelque temps, lorsque vous y arrivez facilement, vous poussez un peu à l’expiration. Et ce centre de gravité avec lequel vous serez familiarisés, dont vous aurez aisément la sensation, deviendra votre meilleur ami, un point d’appui qui ne vous trahira pas.

Dans ce centre vital, il n’y a pas de pensées inutiles, il n’y a pas ce fatras de l’intellect et du mental coupés de la vie; il n’y a pas non plus ces émotions infantiles par lesquelles vous vous laissez si vite emporter. Vous y trouverez au contraire une puissance stable qui vous dépasse tout en étant vôtre et qui se révèle facilement canalisable pour ne pas cristalliser l’ego sur lui-même. Elle ne vous conduira pas dans l’impasse d’une force de caractère et d’une résistance aux chocs qui soient en même temps une prison. L’avenir reste disponible.



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Bien sûr, Ramana Maharshi n’a jamais, même pas une fois à ma connaissance, parlé du hara. Et si l’on regarde les photos du Maharshi, on n’est certes pas frappé par la puissance de son hara, comme on l’est par celle des sculptures gothiques ou celle des maîtres zen ou tibétains. Mais qui d’entre nous peut prétendre à l’illumination du Maharshi qui lui est advenue à l’âge de 17 ans et en quelques minutes?

Quand je dis « C’est dans le hara que vous vous trouverez vous-même », il s’agit en effet de vous-même, vous-même Richard, vous-même Arnaud. La dualité n’est pas encore dépassée. Mais au moins ce qui empêche le dépassement de l’ego n’est pas renforcé. Le hara n’éprouve pas de complexe d’infériorité, le hara ne compare pas, le hara ne juge pas, le hara ne pense pas.


Vous savez que la destruction du mental se traduit par la capitulation de la pensée ou des pensées devant la vision. Le centre de gravité dans le bas-ventre est indemne de toutes les maladies de la pensée et du coeur. La destruction du mental ne concerne pas le hara. La purification de l’inconscient non plus. Même si vous êtes névrosés, votre hara est intact.


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Dans le hara, je me retrouve vraiment moi – pas moi gai, pas moi triste, pas moi brisé par un chagrin d’amour ou une mauvaise nouvelle. C’est étonnant à entendre mais notre bas-ventre est notre meilleur ami. Et comme il réside en nous, nous l’emmenons partout où nous allons, et il demeure ce à quoi nous pouvons vraiment faire confiance.

L’attitude qui consiste à rentrer le ventre et à bomber le torse est fausse, anti-naturelle et nuisible car elle situe le centre de gravité de notre présence dans le haut de notre structure, ce qui est l’opposé de toute stabilité. Certes, nous pouvons découvrir aussi en nous une énergie fine que l’on sent même monter le long de la colonne vertébrale et qui donc s’élève comme la flamme d’un feu ou la fumée d’un bâton d’encens. Mais d’autres courants d’énergie doivent se diriger naturellement vers le bas. Tous les enseignements ésotériques décrivent l’homme vertical qui unit en lui le Ciel et la Terre.

Avec une certaine pratique, vous pourrez découvrir en vous deux courants d’énergie. Une énergie qu’on peut appeler, au sens hindou du terme, grossière, non raffinée, et pourtant bien précieuse. Cette énergie descend, ce qui produit un dégagement de la tête – et nous avons, comme on dit, la tête légère – ainsi qu’un dégagement du haut du corps – et nous avons le coeur léger.


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Et pourtant, vous sentez bien que, tout en appréciant une tête et un coeur légers, il est nécessaire aussi d’avoir un certain poids, une certaine densité. Quand on dit de quelqu’un : « il ne pèse pas lourd », ce n’est certes pas un compliment. Alors par où pouvez-vous peser lourd avec la tête légère et un coeur léger? Si normal, si naturel : par la base. Cette fondation correspond au triangle formé par nos jambes, quelle que soit la posture de méditation que nous adoptions, et la part de nous qui se situe au-dessous de la ceinture. Si cette partie-là est lourde, notre centre de gravité est à sa place et nous avons par conséquent une solidité. Nous ne sommes pas instables comme une pyramide inversée posée sur la pointe. C’est par ce poids-là qu’on dit d’un homme qu’il a du poids ou qu’il fait le poids. A partir de cette fermeté à la base, le haut, lui, au contraire, peut être léger, comme un arbre solidement enraciné qui peut onduler dans le vent au lieu de se raidir et de se casser. Même le roseau de La Fontaine, qui « plie et ne rompt pas », a des racines.


L’homme moderne a pris l’habitude de se raidir de tout son être, au lieu de trouver son poids dans le bas-ventre. Alors, nous contractons la mâchoire, les épaules, pour essayer de parer aux coups. C’est devenir comme le chêne de la fable – sans avoir la force du chêne. Il n’est même pas nécessaire que « le vent redouble ses efforts » pour déraciner le chêne, alors que le roseau, lui, ne risque rien; il suffit que le vent de l’existence souffle un peu plus fort et notre prétendue force à nous est ébranlée. Nous avons pris l’habitude de nous contracter, de nous centrer dans notre tête qui nous trahit, dans notre coeur et nos émotions qui nous trahissent toujours. C’est ainsi que, dans la peur, nous devenons rigides, figés, sans souplesse, sans flexibilité.

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Mais dans votre manque de structure actuel, c’est le contraire qui se produit. Les énergies grossières envahissent votre coeur et votre tête; aussi disons-nous que nous avons le coeur lourd et la tête lourde. Notre pensée est grossière, nos émotions sont de nature grossière et non pas subtile, et nous manquons d’une vraie force.

Dans le hara vous vous trouverez donc vous-même : moi-même, pas moi directeur, pas moi ouvrier, pas moi heureux en amour ou moi trahi, pas moi admiré ou moi critiqué – moi tout court. Dans la tête vous trouverez le moi le plus conditionné qui soit : les pensées sont l’expression de vos conditionnements en tous genres. Dans le coeur vous trouverez le moi le plus conditionné qui soit : vos émotions expriment aussi vos déterminismes. « Vos pensées sont des citations, vos émo-tions sont des imitations », m’a dit Swâmi Prajnanpad. Mais dans le hara, vous sentirez une vie qui laisse loin derrière elle la mesquine vanité de l’ego. Vos « entrailles » sont une région du corps précieuse mais qui vous reste à découvrir.


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Vous trouverez « moi », mais un moi intact. Même un névrosé, avec un peu de persévérance dans la pratique, peut retrouver dans le hara un moi intact. Ensuite, vous ferez beaucoup de découvertes intéressantes sur la manière dont vous vivez, c’est-à-dire sur la manière dont ce hara réagit. Parfois, en effet, dans la peur, le ventre se contracte, vous essayez de relâcher et le ventre se contracte à nouveau, jusqu’à ce que vous ayez suffisamment de maîtrise (mais ce n’est pas si difficile si vous le voulez vraiment) pour pouvoir affronter une difficulté avec un ventre affirmé, puissant. Ne soyez pas celui dont on dit qu’il n’a rien dans le ventre. Et si vous affirmez le hara, vous n’avez plus be-soin d’affirmer l’ego, depuis « Comment, mais vous ne savez pas qui je suis! » jusqu’à « Je suis perdu, tout va mal, personne ne souffre comme moi. » Le hara est toujours indemne et il demeure à votre disposition pour peu que vous ayez la maîtrise qui évite de rentrer le ventre dans les circons-tances difficiles.


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N’imaginez pas que la spiritualité consiste uniquement à s’élever vers le haut : laisser monter les énergies subtiles, purifier la tête et le coeur des fonctionnements grossiers, oui, mais aussi prendre solidement appui sur la terre.



 

 

 

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