Namaste!
Deux conceptions diamétralement opposées du corps humain se déploient dans la pensée commune.
En Occident, haut-lieu du matérialisme cartésien, le corps physique, limité par la peau et les phanères est la seule enveloppe acceptée par la raison.
Et il aura fallu plus d'un millénaire et demi pour que l'Homme Occidental s'aventure à en explorer les mécanismes physiologiques, developpant peu à peu la science de l'anatomie et de la médecine.
Plus à l'Est, il fut toujours évident que nous n'habitions pas UN mais PLUSIEURS corps; au-moins 5 enveloppes, sinon 7 , de la plus subtile à la plus dense, ou l'inverse selon le chemin accompli.
Car là encore, lorsque l'on évoque les koshas (enveloppes) à un Occidental, il aura une vision centrifuge, en accordant grande importance au corps physique, pour aller vers l'acceptation éventuelle d'autres strates plus éthériques.
Même dans la littérature 'spécialisée' dans le yoga, on lit souvent des titres tels que ' Ces 5 koshas qui nous enveloppent': or rien ne Nous enveloppe car Nous sommes les koshas, tout en n'étant pas elles; ce pronom Nous qui dualise ( il y a Je et Autrui), montre à quel point il est difficile de concevoir pour un esprit Occidental que le corps physique auquel il s'identifie n'est pas le centre de tout Univers!
De même, l'image usuelle des Koshas représentées comme des poupées Russes ne me convainc pas non plus, car elle donne l'idée qu'il n' y a aucune relation entre ces strates, alors que les 5 Koshas sont en synergie permanente, interpénétrant leurs énergies propres pour le maintien de la santé, du Karma et de l'illusion individuels.
L'extrême Oriental aura une vision centripète: les couches extérieures du corps, plus lumineuses et subtiles, sont aussi importantes, voire davantage, que le coprs 'de nourriture', AnnaMayaKosha, qui est inéluctablement condamné à une mortelle dissolution.
En réalité, ces strates sont la manifestation sur différents plans vibratoires d'une même énergie de Vie, Kundalîni, qui se manifeste sous forme d'un flux partiel nommé Prâna.
Prâna énergie vitale, essentielle à la vie et à tout ce qui existe. De même que la lumière blanche émet les différentes couleurs du spectre en passant par une gamme de densités de matière et de vie, ainsi le Prâna se manifeste de façon diversifiée en fonction du taux vibratoire du corps qu’il imprègne. Il est véhiculé par le souffle. Selon le yoga, l’être humain est décrit comme possédant cinq niveaux d’énergie qui coexistent en relation mutuelle et vont du plus dense au plus subtil. Ce sont là les koshas (fourreaux ou corps) :
Anamayakosha : corps de nourriture
Pranamayakosha : corps vital, corps pranique
Manomayakosha : corps mental
Vigyanamayakosha : corps psychique, corps intuitif
Anandamayakosha : corps causal, corps de félicité
Anamayakosha : corps de nourriture, dépendant de la nourriture, de l’eau, de l’air, c’est la forme la plus grossière de prana.
Il est encore plus dépendant de prana, car on peut rester plusieurs jours sans manger, mais on ne peut rester sans respirer plus de 3 mn.
La vie s’arrête dès l’instant où le prana se retire.
Pranamayakosha : corps vital, corps pranique. De nature plus subtile que le corps physique. Il soutient le corps physique.
Ces deux corps constituent la structure humaine de base, ils contiennent les corps plus subtils les corps mental, psychique et causal.
Manomayakosha : corps mental. Maintient la cohésion entre les deux koshas les plus denses le corps physique et pranique.
Il est le médiateur entre chaque corps, il apporte les expériences et sensations du monde extérieur au corps intuitif,
et les influences des corps causal et intuitif au corps dense. Il peut se déplacer dans le temps vers le passé et vers l’avenir,
le temps ne représente pas une barrière pour lui.
Vigyanamayakosha : corps psychique, corps intuitif. Il pénètre manomayakosha, il est encore plus subtil que lui.
Lorsque ce corps est éveillé, on commence à éprouver la vie de manière plus intuitive et
à percevoir la réalité sous-jacente derrière toute manifestation.
Anandamayakosha : corps causal ou transcendental, corps de félicité. Fourreau ultime, le plus subtil de tous.
La demeure du prana raffiné. Il échappe à toute définition.
Ces 5 koshas (fourreaux) sont tous imprégnés de prana qu’ils soient denses ou subtils.
La pratique du Yoga dans toutes ses étapes vise à éveiller et à transcender ces 5 corps jusqu’à s’épanouir dans l’état de samadhi.
Le prana nourrit et soutient tous les fourreaux et maintient entre eux une relation adéquate. En prenant conscience de son propre prana,
on se relie au prana cosmique et on prend conscience du prana des autres êtres vivants. Les pratiques du hatha yoga qui vont permettre
de percevoir prana sont le pranayama (pratiques respiratoires), les bandhas (verrouillages) et
prana vidya (techniques permettant d’éveiller, de stimuler et de redistribuer prana).
Dans un premier temps, il s’agit déjà de prendre conscience qu’au-delà du corps physique, nous pouvons contacter en nous
des couches plus profondes et plus subtiles que nous ignorons dans notre vie ordinaire. Lorsque nous travaillons une posture,
avec un placement corporel juste dans le respect du corps physique, avec un souffle adapté à l’effort requis, en étant attentif
aux sensations dans l’ici et maintenant pour calmer le mental, et avec une attitude psychique juste (ex : l’intention que je mets dans la posture),
tous les fourreaux s’alignent et s’équilibrent les uns par rapport aux autres. Nous ressentons un état d’équilibre et de calme intérieur.
La posture n’est plus seulement une position du corps mais bien une posture qui engage l’être dans sa globalité.
C’est un travail d’attention auquel nous nous entraînons sur le tapis, pour ensuite l’intégrer dans la vie quotidienne.