"Faire du Yoga". Pourquoi ? Comment ?
1.Entrer en yoga
" Et toi pourquoi tu fais du yoga?...
- pour mieux dormir, parce que je suis sujet à la déprime et au surmenage, pour m'assouplir, parce que c'est à la mode, pour diminuer mon stress, parce que j'ai toujours eu de la sympathie pour les baba cool..."
Rares, au final, sont ceux qui répondent simplement " pour apprendre à être présent, ici et maintenant". Tant mieux, remarquez, car tout ces petits maux du quotidien deviennent des opportunités de découvrir la Voie majeure ouverte par Patanjali!
Comme disait non sans humour Bouddha Cakyamuni: " La souffrance est la meilleure amie de l'homme"!
Quel que soit le style de yoga choisi, s'engager sur la voie du développement intérieur reste un acte porteur de sens, de convictions, et témoigne de ce besoin fondamental de se retrouver un peu plus centré, un peu plus conscient et un peu moins le jouet des pressions extérieures.
« Ce n’est pas la personne qui doit s’adapter au Yoga mais le Yoga qui doit être ajusté à chaque personne. »,
disait Krishnamacharya ( mort en 1989, à l'âge de 101 ans)
Ainsi il faudra probablement s'essayer à plusieurs écoles et professeurs, goûter les ambiances, quitter, puis revenir, rester dans l'observation vigilante de ce qui me fait du bien, de la portée pédagogique de l'enseignement que je reçois.
Pour ma part: 26 ans de pratique, ici, là, et ailleurs encore, tout seul, en groupe, avec plusieurs professeurs et comme toujours certain(e)s qui auront laissé des empreintes profondes, d'autres qui continuent d'enseigner à-travers moi.
Il faudra faire preuve de tolérance vis à vis de soi-même, de patience et probablement lutter contre l'appel des sirènes égotiques qui n'accepteront pas de céder si facilement la proie dont elles se délectent depuis si longtemps: nous-même!
Un jour ce sera le trop de travail, un autre une douleur dans le dos, un autre encore la visite impromptue de la famille, un dernier enfin ce sera le manque de temps décidément fatal. Ah si les journées duraient 36 heures, il resterait du temps pour "faire" du yoga!
Mais, immanquablement, les premiers fruits vont s'offrir au nouveau pratiquant, même chez le moins assidu. Il faudra savoir cueillir ces fruits sans trop s'attarder car le chemin est long, puisque il revient à toucher du doigt l'horizon!
Le yoga devient alors une fête, un festin au banquet de Shiva, et l'on ne "fait" plus de yoga, c'est le yoga qui nous fait!
2. Les composantes de base du yoga. Bien choisir son cours.
Tous les yogas sont censés s'appuyer sur les Sûtras de Patanjali, mais ces versets redondants et chargés de symbolisme, ne sont finalment que peu explicites.
C'est voulu bien sûr, pour que le yogi s'interroge, prospecte et se crée son propre cheminement loin de tout préjugé.
C'est aussi ce qui explique qu'il existe autant de yogas que d'enseignants.
Néanmoins quelques caractéristiques devraient être communes à toutes les écoles:
- La prise en compte des situations personnelles et l'écoute des spécificités de chacun (e) ( âge, désirs, disponibilité, pathologie...)
- L'explicitation systématique du pourquoi, avant le comment. Cela nécessite de l'enseignant une connaissance des Sûtras, des Upanishad, une réflexion sur elles. Egalement il doit être initié au symbolisme tantrique, à sa portée philosophique et métaphysique.
- La prise en compte des différents koshas ( corps) au moins des 3 premiers car le yoga est avant tout une science de l'intériorité, là où vibrent les énergies, la conscience et les plans subtils de l'être.
Dans la pratique, les domaines suivants doivent être abordés avec régularité:
- Asanas, postures, comme des yantras, figures symboliques qui amènent le temple du corps à devenir antenne d'énergie. Une asana ne sera donc jamais une prouesse gymnique, si esthétique soit-elle.
- Prânâyâma, l'art de passer de la respiration grossière au Souffle.
" Quand je pratique, mon corps devient temple par les asanas et prânâyâma est ma prière", disait Iyengar.
- Dhârana, la concentration, qui découle naturellement des deux premières pratiques.
- Nidrâ, le sommeil, car le repos et le rêve sont de vastes territoires où le soi s'exprime librement, sans les interdits sociaux. Les valeurs symboliques archétypales y dansent sans fin, explicitant au dormeur la Nature du soi. Bienheureux alors est celui qui développe Turyatita, le 4ème état de conscience, l'observateur lucide des contenus par-delà Sushupti.
- Dhyâna, la contemplation, la méditation. Qu'elle jaillisse du son d'un bol tibétain, de la vision d'un espace céleste, de la caresse du vent ou d'une main aimée, dhyâna, ne se laisse pas froisser les alies. Intégrant les 5 sens comme les 5 éléments , le yogi qui accède à Prathyâhâra entre en union.
Plus de mots, car les mots sont duels, plus de jugements car ils sont issus de Mâya, l'illusion. Juste être, sans chercher à avoir, simplement accepter de devenir un prisme où se reflète et se déforme un peu la nature originelle du vide animé.
Chers élèves de l'école de La Saulce, voilà tout ce que je vous souhaite, en espérant être digne et capable de vous l'enseigner, non pas comme un maître, mais comme un guide!