Namaste!
Le terme de Tantrisme a été ces dernières années objet de fascination, de fantasmes et d'élucubrations.
Chacun y est allé de son interprétation, souvent purement subjective, et l'immense jardin originel , de lotus et de perles, s'est trouvé transformé en bouquet de roses fânées.
Yoga Tantrique, Massage Tantrique, Sexualité Tantrique, Relations Tantriques...l'adjectivité du Tantrisme a appauvri et détourné le sens profond de terme au point de le vulgariser.
Nul de nos jours ne saurait prétendre définir correctement dans ces grandes largeurs ce que fut la culture Tantrique Indienne des siècles passés, tout au plus nous en reste-t-il des bribes: Le domaine des énergies, la Vision Cosmique de la vie, Samadhi....
Un des grands spécialistes de la question est M.A. Descamps, et c'est de ses ouvrages que je me suis inspiré pour résumer, si toutefois c'était possible, les tendances internes à ce grand courant philosophique et pragmatique que fut le Tantrisme.
L'on peut en déterminer les contours en 3 domaines: Tantrismes Blanc, Rouge et Noir.
Le Tantrisme blanc.
Le seul qui soit encore véritablement pratIqué de nos jours.
Cette forme de Tantra se décline en Asanas, Prânâyâma, Mudras, Bandhas, Yantras, Mantras...
Il s'agit d'un yoga complet qui n'ignore ni Dhârana (Concentration) ni Dyhâna( Méditation).
Il se pratique aussi la nuit au sein des rêves (Nidrâ), porte grand cas de la nourriture et de la façon de la consommer, se déploie dans l'espace sonore ( Nada Yoga), et vise à éveiller puis réaliser l'ascenscion de Kundalini.
C'est le territoire des Chakras, Nadis,Granthis, Adharas.
Il se fonde essentiellement sur les Sutras de la Vigiyana Bhairava tantra et de la Goraksha Paddhati.
Ses formes de yoga sont aussi celles de la lignée originelle des Nâthas, ou encore du Kundalini Yoga véhiculé par les Sikhs.
On y respecte notamment Bramacharya ( la mesure en tout, en particulier sexuelle).
On dit que c'est le yoga de la main droite.
Le Tantrisme noir.
Son terrain d'action est la mort, depuis le passage, jusqu'à la transmutation et enfin la réincarnation.
Kali, la Déesse noire rappelle sans cesse à l'humain que chaque instant est une mort.
Chaque souffle consume un peu plus Amrita, le nectar de vie, et seul le désir de rester ignorant peut nous faire renoncer à la conscience de la mort inéluctable.
L'un des textes sacrés de ce tantrisme se trouve dans le Bouddhisme: il s'agit du Bardo Thödol, la guidance de l'énergie du défunt au-travers des états intermédiaires.
Les pratiques rituelles, proches du Chamanisme ont à peu près disparu de nos jours, on peut encore observer les veillées mortuaires ou les pratiques dans les cimetières, ou encore la dévotion face aux ossements.
Mais cela est devenu un rite tabou pour la majorité des sociétés humaines.
Il n'y a pourtant que de la joie sous-jacente dans ce domaine, car la mort n'est qu'un passage, une métamorphose de l'être pris dans la roue sans fin, ou presque, de Samsara.
Le Tantrisme rouge.
Celui-ci fascine l'homme contemporain car il s'agit de stimuler et d'éveiller le potentiel sexuel (Ojas) en vue de se libérer à deux de la souffrance et de l'ignorance.
Malheureusement, la sexualité reste un territoire très mystérieux pour bien des humains, et l'on s'y perd aisément entre fantasmes, refoulements, morbidités et pauvres orgasmes trop brefs.
Car le Tantra du sexe va bien au-delà d'une simple jouissance orgasmique.
Il s'agit avant tout d'une communication subtile, il s'agit de confiance réciproque et de don de soi.
Il ne suffit pas de s'appeller Shiva ou Shakti et de coucher ensemble dans un coït pitoyable qui rappelle celui de l'animalité reptilienne.
Le tantra rouge a ses propres techniques de pranayamas, ses propres asanas, ses massages et ses prières.
Il est un acte de dévotion vers Purusha, et ne s'attache nullement à AnnaMayaKosha, le corps périssable, mais touche aux strates plus profondes des autres Koshas.
Dans le Tantra rouge on ne fait pas l'amour, on est l'amour, on se fond et se dissout en lui.
Même les Sutras de Kama y sont foulés du pied.
A l'opposé de la pornographie et de la femme-objet, le sexe Tantrique voue un culte à la féminité, les partenaires se purifient le corps et l'intérieur avec des Kriyas, l'acte sexuel (Maithuna) fait vibrer le couple qui devient un même orgasme, des orteils à BrahmaRandra, qui s'unit aussi par le souffle et la prière.
Souvent l'homme retient son éjaculation grâce à certaines techniques, et les sécrétions séminales des deux partenaires sont partagées pour divers rituels.
Enfin le coït sert à stimuler les Chakras de la femme, par des techniques alliant pénétrations, massages, mantras, visualisations...
Le Tantrisme rouge transcende, et de loin, tout ce que la sexualité commune et censément libérée peut apporter à l'être qui cherche, par tous les moyens qui lui sont offerts, à se libérer de la souffrance karmique.
C'est l'accès, par la dualité, à la non-dualité.
Et Maya, l'illusion, est vaincue.
JP
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